Il y a pourtant un monde de différence entre le premier projet porté par les Habitations Trigone de Belœil et celui du Groupe Marcil Immobilier, du tandem Anthony Marcil et David Pion. Tant dans l’envergure et l’impact anticipé des projets dans leur milieu que dans la réputation des promoteurs.

La notoriété des Habitations Trigone était fortement entachée à leur arrivée en sol maskoutain; celle du Groupe Marcil est plus Spic and Span.

Trigone débordait d’ambition quand elle est débarquée à Saint-Hyacinthe en 2021 avec sur sa planche à dessin un pôle santé. Elle avait l’ambition de transformer tout le quadrilatère de la Place Blanchet, avec le support de la Fondation du C.H. Honoré-Mercier, alors propriétaire de la Place Blanchet. L’idée était de profiter de la proximité de l’hôpital pour aménager des condos, des maisons en rangée et un centre d’hébergement privé de soins de longue durée.

Ce projet monumental, estimé à quelque 115 M$, prévoyait la construction de trois tours à condos de 8, 13 et 16 étages. Pour lui donner vie, il fallait encore faire quelques acquisitions et reloger des locataires récalcitrants. Un peu moins d’un an après sa présentation officielle, le projet est tombé à l’eau puisque le promoteur n’a pas été en mesure de respecter ses engagements auprès de la Fondation ni d’atteindre un degré d’acceptabilité sociale minimal. Personne n’a versé de larme en apprenant la nouvelle, du moins dans le quartier où la mobilisation contre ce mégaprojet avait fait boule de neige.

L’approche d’Anthony Marcil et de David Pion, autant dans la forme que sur le fond, a été plus posée. Ils ont d’abord présenté les grandes lignes de leur projet baptisé Noveo au COURRIER. L’investissement projeté est de 30 M$ pour faire sortir de terre un seul immeuble de 90 logements sur sept étages. Nous sommes à des années-lumière de Trigone et de son pôle santé.

Puis, en vrais politiciens en temps de campagne, nos promoteurs maskoutains sont allés à la rencontre des citoyens du quartier dans l’espoir de les rassurer, une démarche qui n’a pas donné les résultats escomptés si on en juge par le nombre de citoyens présents à l’assemblée publique de consultation du 7 avril.

Les dérogations au zonage sont loin de rassurer le voisinage qui s’inquiète entre autres du pieutage, de la circulation accrue et du fait que le projet ne prévoit même pas un espace de stationnement par logement. Les rues qui ceinturent le centre hospitalier sont déjà aussi engorgées que l’urgence, et ce, à longueur d’année. La densification du quartier laisse donc entrevoir un accroissement de ce problème déjà bien présent.

L’inquiétude est donc manifeste et les citoyens ont obtenu la tenue d’un registre pouvant retarder ou carrément bloquer le projet. Il fallait une douzaine de signatures pour y arriver et les opposants en ont amassé au moins six fois plus!

Les promoteurs ont donc tout intérêt à intensifier leurs mamours dans le voisinage et/ou à proposer des accommodements raisonnables. Ce n’est pas en faisant miroiter des vélos électriques pour les futurs occupants ou en vantant les joies du transport actif qu’ils amadoueront le voisinage.

Le Groupe Marcil peut-il réduire ses ambitions sans nuire à la rentabilité projetée ou encore acheter une propriété voisine pour y faire un espace de stationnement privé? Contrairement aux récriminations du voisinage, les options semblent limitées d’ici la tenue du registre officiel.

Densifier demeure un objectif louable en ces temps de rareté de logements à Saint-Hyacinthe, mais encore faut-il le faire de la bonne façon et à la bonne place. Près de l’hôpital, l’histoire récente nous apprend que les citoyens n’hésitent jamais à ruer dans les brancards, si nécessaire.