Même si l’abandon définitif du Publisac par TC Transcontinental (voir autre texte ici) n’a aucun impact sur Le Courrier de Saint-Hyacinthe, vaisseau amiral de DBC Communications – ce journal est vendu en kiosque et livré à domicile sur abonnement -, il n’est pas sans donner des maux de tête à son propriétaire Benoit Chartier.
Le PDG de DBC Communications fera les frais de cette décision, car contrairement aux autres éditeurs d’hebdos de la province, M. Chartier est propriétaire de son propre réseau de distribution de circulaires. En un mot, c’est TC qui devait payer DBC pour faire distribuer son Publisac de porte-à-porte sur son vaste territoire et non l’inverse.
La perte de ce client majeur entraînera des chambardements majeurs. L’entreprise devra vite trouver une alternative viable pour distribuer ses hebdomadaires gratuits que sont Le Clairon de Saint-Hyacinthe, Les 2 Rives de Sorel-Tracy, L’Œil régional de Beloeil et La Pensée de Bagot à Acton Vale.
Outre la perte de revenus liée à la disparition du Publisac s’ajouteront des dépenses supplémentaires pour distribuer ses propres journaux, que ce soit au moyen de dépôts, par Postes Canada ou encore par un système hybride. Si la survie des hebdos gratuits de DBC n’est nullement remise en cause à l’heure actuelle, la disparition du Publisac chamboulera les habitudes des lecteurs. « On accuse le coup, un autre, et on se retrousse les manches. Il faut revoir notre modèle d’affaires. Les gouvernements devront se lever avant que les régions du Québec se vident de leurs ressources journalistiques et que nos médias cessent d’être le porte-voix des communautés régionales, qu’ils ne puissent plus protéger ce droit si précieux du public à l’information et jouer ce rôle essentiel pour notre démocratie », a dit M. Chartier au nom d’Hebdos Québec, un regroupement qu’il préside et qui rassemble 115 hebdomadaires locaux dans la province.
Bien qu’il savait que le Publisac ne serait pas éternel, Benoit Chartier n’anticipait pas une fin aussi abrupte, voire brutale. Il est déjà en mode solutions.
« Nous sommes à évaluer nos options, mais peu importe la solution qui sera retenue, cela n’affectera en rien la qualité de nos publications. Nous continuerons de desservir la communauté en misant sur une information riche, diversifiée et rigoureuse », assure-t-il, tout en espérant que l’appel à l’aide des éditeurs sera entendu en haut lieu.
D’ici là, M. Chartier invite les décideurs locaux, les annonceurs ainsi que les lecteurs à renouveler leur support indéfectible envers les hebdos. « Plus que jamais, le soutien de nos lecteurs et de nos annonceurs est essentiel », a-t-il lancé en se disant aussi très affecté par l’incertitude qui plane sur l’imprimerie TC de Saint-Hyacinthe où 175 employés impliqués dans l’impression de circulaires pourraient faire les frais de l’abandon du Publisac. « Je suis de tout cœur avec les employés. »
Des réactions
Interpelé par la Presse canadienne peu après l’annonce de TC sur le Publisac, le premier ministre François Legault s’est dit inquiet pour l’information régionale et a louangé la presse hebdomadaire.
« Pour moi, c’est essentiel, les petits médias, les petits journaux hebdomadaires qui sont distribués dans les différentes localités. C’est important pour les Québécois. Ils y tiennent. On les a aidés, puis on va regarder ce qu’on peut faire pour mieux les aider encore », a-t-il promis, tout en reconnaissant que la disparition du Publisac est une menace réelle pour ces publications.
Au fédéral, le Bloc Québécois a appelé le gouvernement à faire pression auprès de Postes Canada afin qu’il prenne le relais en acceptant de distribuer les journaux locaux et régionaux à un tarif préférentiel.
« Nos journaux locaux sont essentiels et contribuent à la couverture des enjeux régionaux au Québec. C’est là une question de survie, le gouvernement doit agir », a martelé Martin Champoux, porte-parole du Bloc en matière de communications.
Par la bouche de son président sortant, Michaël Nguyen, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec exige aussi une intervention rapide des gouvernements. « Ils doivent agir, plus tôt que tard, s’ils souhaitent une société qui fait des choix informés »