La Corporation de développement communautaire (CDC) des Maskoutains a fait un appel à la mobilisation par le biais des réseaux sociaux en incitant la population et les autres organismes communautaires à s’opposer à leur démolition.
« Ce sont des logements qui sont encore vivables, abordables et salubres. Ce ne sont pas des avis de démolition parce que les bâtiments sont insalubres. On ne parle pas seulement de personnes à faible revenu ou sur l’aide sociale. On parle de la classe moyenne. Dans les neuf logements, il y en a seulement trois subventionnés », tient à souligner le directeur général de la CDC des Maskoutains, Simon Proulx.
Il y a environ un an, Habitations Maska avait approché le promoteur, le Groupe Forman, afin d’offrir un service de gestion d’immeuble. Même si l’organisme connaissait les intentions des propriétaires, l’avis de démolition est arrivé par surprise. « Un moment donné, on a appris que les propriétaires laissaient des logements vacants. On a fait des démarches auprès d’eux en leur disant qu’on vivait une crise du logement. On a proposé de gérer les logements, de mettre des locataires et de s’occuper du suivi. On savait que c’était en attendant la démolition des bâtiments », raconte le directeur général d’Habitations Maska, Jean-Claude Ladouceur.
Manque de vision
Tout comme le promoteur Beatimo qui a acheté une trentaine d’immeubles au centre-ville, le Groupe Forman a procédé à des achats agressifs, affirme M. Proulx. « C’est symptomatique. Ça démontre peut-être qu’il y a une absence de vision stratégique de la part de la Ville de Saint-Hyacinthe. Il n’y a pas de politique sur le logement comme telle. »
Dans ce contexte, l’appel à la mobilisation de la CDC a reçu un accueil plus que positif. « Ça prend des proportions inattendues parce que ça va au-delà de la mobilisation des organismes communautaires. On a une mobilisation de la communauté. Je pense que la population commence à être un peu tannée de voir des pâtés de maisons carrément rasés sans solution de rechange pour du logement abordable », poursuit-il.
Au cours des quatre ou cinq dernières années, Saint-Hyacinthe a perdu près de 150 unités de logement abordable à cause d’incendies et de démolitions, rappelle-t-il. Deux projets de logements abordables sont aussi sur la planche à dessin, soit celui au 1400, rue Saint-Antoine et celui sur le terrain de la bibliothèque, mais ils prendront au minimum deux ans pour se réaliser.
« En attendant, qu’est-ce qu’on fait avec les locataires? Est-ce qu’on peut s’asseoir et réfléchir à une stratégie de revitalisation du centre-ville?, se questionne Jean-Claude Ladouceur. On ne peut pas revitaliser le centre-ville au détriment de personnes humaines. On a assez perdu de logements. On ne peut pas se permettre de perdre d’autres logements abordables. Maintenant, qu’est-ce qu’on fait? »
Le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, se défend toutefois d’un manque de vision municipale. Entre autres, la Ville a adopté son plan particulier d’urbanisme en 2021 qui définit clairement les zones de requalification au centre-ville. « L’idéal, c’est d’avoir du logement abordable dans tous les secteurs de la Ville. Ça fait longtemps qu’on le dit, on souhaite que le centre-ville ait une mixité. On ne veut pas embourgeoiser le centre-ville, mais avoir une mixité de clientèle », souligne M. Beauregard.